Raquel García-Tomás

Commande d'oeuvres 16.02.2024

Je suis narcissiste” : c’est le titre de l’opéra qui a apporté à la jeune compositrice catalane Raquel García-Tomás le Prix national de musique dans la catégorie “composition” en 2020. En mars 2023, elle créé au Liceu de Barcelone, son nouvel opéra Alexina B. Elle sera la deuxième femme à créer un opéra au Liceu en 175 ans! Le festival Mixtur et Paysages Humains se sont associés de nouveau pour lui commander une oeuvre, Sightings, présentée le 7 octobre 2022 à Barcelone.

Sightings est une pièce originale, commandée par le festival Mixtur, la fondation Ramon Llull et Hémisphère son, interprétée par le jeune ensemble allemand Via Nova. Elle a été conçu par Raquel García-Tomás avec Pere Ginard, cinéaste et illustrateur.

Raquel Garcia Tomás et Pere Ginard répondent répondent à quelques question de Txema Seglers, notre correspondant à Barcelone, autour cette nouvelle collaboration…

Dites-moi tous les deux, comment cette collaboration a commencé ? Pere ?
Pere : Nous nous sommes rencontrés à l’Auditori, en 2016, autour d’un projet intitulé Històries Elèctriques. Ils nous ont contactés par différents canaux et dans des buts différents : moi pour proposer des animations en direct pendant le spectacle, et Raquel pour composer les thèmes.
Raquel : Mixtur m’a commandé une œuvre avec vidéo. J’y ai réfléchi et j’ai contacté Pere, avec qui j’avais déjà travaillé ” en différé “, car il avait mis des images a posteriori sur une de mes œuvres. Mais pour Sightings (créée en avant première au Kunstfest de Weimar le 5 septembre, NDLR), la pièce étant en format concert, nous avons commencé à travailler d’une manière différente, en cherchant un dialogue entre les deux disciplines. 

Et comment s’est déroulé ce travail commun ?
Pere : J’ai commencé à assembler des images, à préparer un scénario sur l’imaginaire du monde mythique sous-marin, dont je vous ai déjà dit qu’il me séduit et me fascine.

Des sirènes, des calamars géants… ?
Pere : Oui, oui, des monstres, des tritons et un long etcetera.
Raquel : Exactement. Je n’avais jamais collaboré avec des cinéastes ou des vidéastes auparavant. L’intérêt de ce projet avec Pere a été de repenser le processus que nous construisions. Je suis une perfectionniste et tant que quelque chose ne me convainc pas, je ne passe pas à autre chose. En revanche, dans ce travail, c’était l’inverse, car Pere me présentait des images qui n’étaient pas encore définitives pour que je puisse avancer, comme un processus ouvert, en aller-retour. On se nourrissait l’un l’autre.

Intéressant.
Raquel : Oui, nous parlons d’une œuvre avec de la musique en direct, bien qu’il y ait une base électronique préenregistrée. Au cinéma, on travaille normalement dans l’autre sens : on se concentre d’abord sur les images, puis sur la bande-son. Mais, dans cette création, tout devait être quantifié dans un tempo ; c’est pourquoi tout se passe à la seconde près, c’est synchronisée. Si Pere avait d’abord introduit des images, et qu’ensuite j’avais composé la musique pour les lier, peut-être que les instrumentistes n’auraient pas été capables de suivre intuitivement le rythme que Pere a proposé. Le plus simple a donc été de proposer d’abord un discours sonore avec des accords, puis Pere a travaillé sur la base de ces accords, en les synchronisant pour faciliter le travail des interprètes.  

Et comment voulez-vous que le public reçoive cette œuvre ?
Raquel : S’il est vrai que l’esthétique de cette création est sombre, elle est en même temps légère et fraîche. En fait, on peut la voir comme un amusement, une histoire un peu étrange qui suscite l’amusement, une saine curiosité et une noble perplexité.  
Pere : Oui, je suis d’accord. Dès la troisième minute, on sait que l’on assiste à une histoire d’explorateurs. Cependant, le sens de cette quête, quel qu’il soit, est bien plus ouvert.

Photos © May Zircus
Photos © Raquel Garcia Tomás

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